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D'art en art pour la Semaine Sainte

Art et Foi 2023 avec le père Pierre-Jean Duménil

DES RÂMEAUX À PÂQUES

J'ai choisi de regarder des artistes de la fin du XIX° et du XX° siècle qui ont manifesté un intérêt pour l'évènement de la crucifixion. Or, à une époque où la référence au texte de la Bible tend à s’évanouir, voire à disparaître chez les artistes, ils sont très nombreux à continuer à être fascinés par ce symbole majeur de la foi chrétienne. Même s’il n’est plus un sujet exclusivement chrétien destiné à des fidèles chrétiens. Ces artistes contemporains qui évoquent la forme de l’homme-Dieu en croix renvoient toujours au spectacle d’un supplice cruel, au sein même de leur époque. Repérez les dates de création. Par lui, ils dénoncent les conditions de nombreux innocents suppliciés comme le Christ. À leur manière et avec leur art, ils nous montrent une espérance en une victoire sur la mort au moment où la mort semble l’emporter. 

Abbé Pierre-Jean Duménil

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RAMEAUX
Une porte ouverte attire l’attention !  Au centre du tableau !  Tout converge vers cette « percée » qui se détache sur un fond rouge sang !
Jésus, assis sur un âne avance vers cette porte qui le mène dans la ville de Jérusalem. Aujourd’hui cette entrée revêt  un caractère définitif. Son habit porte le signe de la croix.  Tous lui montrent la voie. Cette porte ouvre vers un lieu clos, comme un tombeau.  Signe de la Mort ! Mais avec son fronton couleur or elle ressemble à un porche de gloire.  Signe de la Résurrection !  Jésus avance vers sa mort et sa résurrection !  Tout, dans ce tableau, nous invite à le suivre dans sa Passion… jusqu’à la croix pour avoir part à sa résurrection et à sa vie.


 

LUNDI SAINT
Cette toile brasse pêle-mêle des éléments iconographiques traditionnels, des références aux arts premiers et à la tauromachie. On peut repérer les nombreux motifs renvoyant au récit de la passion dans les évangiles : les pleurs de Marie et Jean ; les dés du tirage au sort de la tunique ; le centurion à cheval qui est le porte-lance, on dirait un picador, etc. Cette composition est marquée par l’angoisse et la douleur. Les acteurs ressemblent à des marionnettes qui jouent une scène dont ils ignorent le sens. Le crucifié et Marie hurlante de douleur sont la seule partie non peinte qui se détache sur un fond noir, allusion aux ténèbres de la sixième heure. Un homme sur une échelle cloue le bras droit, seule partie du corps du Christ colorée, parce qu’elle n’est pas clouée. Un soleil avec des lunettes rouges, en dessous Marie Madeleine et en bas les soldats qui jouent aux dès la tunique. Un théologien protestant écrira que c’est « la meilleurs peinture religieuse contemporaine.  Elle témoigne de l’intérêt de Picasso pour ce thème de la croix.



MARDI SAINT
Panneau central d’un retable sur la vie du Christ. Les couleurs sont exceptionnellement vives et crues. Le tableau ne comporte pas de fond.

Sur un fond ocre et bleu se détache un Christ tourmenté et malheureux, marqué par la souffrance et ensanglanté, coiffé d’une imposante couronne d’épines et affublé d’un pagne rouge vermillon. Rappel du manteau de pourpre dont Pilate le revêt ?
Jésus, crucifié par trois clous entre les deux larrons, pose un geste plus qu’improbable pour un crucifié mais hautement symbolique puisque le crucifié est Jésus de Nazareth : il fait reposer sa main droite sur la tête du larron qui nous fixe de son regard.


 

MERCREDI SAINT
Jésus seul sur le Golgotha !
 Un crucifié nu, jeune se détache sur un fond bleu-sombre. Il se tient au-dessus d’une foule compacte, agitée, secouée de ricanements et d’hystérie avec une forêt de mains suppliantes, levées vers lui, esquivant une voute sur un fond de ciel sombre.

 

JEUDI SAINT
Comme Chagall, d’autres peintres juifs reprendront à leur compte le motif du juif en croix. Ici Emmanuel Levy, fils d’de migrants juifs russes.
Cette toile de 1942 porte un titre qui à lui seul réussit à dire l’essentiel en deux mots.Le traditionnel INRI a été remplacé par un écriteau avec un seul mot allemand « JUDE » (juif). Un vaste châle de prière et des phylactères achèvent de confirmer l’identité du crucifié. Jésus un juif oui ! Mais en 1942 ?

 

 

VENDREDI SAINT 
Au-dessus d’une foule en train de fuir le centre en ruine d’une grande ville bombardée, le crucifié trône dans un ciel qui représente le tragique champignon d’une explosion d’une bombe atomique. Allusion à l’explosion de la première bombe largué par les britanniques le 8 novembre 1957.
La foule en fuite est attendue en haut par deux représentants des partisans de l’explosion, un militaire torse nu, armé d’une mitraillette, et un membre du gouvernement, micro en main, en train de prononcé un discours, et visiblement surexcité.



SAMEDI SAINT
Seule exception, issue de la fin XIXe° siècle !
 Le Golgotha est seulement suggéré par l’ombre des trois croix, et une foule de passants qui s’éloigne pour retourner en ville au moment des derniers rayons du soleil... Torture de la solitude des condamnés mourants !


 

DIMANCHE SAINT
En 1890, Maurice Denis peint un Christ appelé le « Christ vert ».

Du vert ! Étrange couleur pour un Christ, couleur tout de même dédiée à un temps liturgique – ordinaire – qui prolonge la Pentecôte : les dimanches en vert. Dans ce petit tableau, qui fait à peine une vingtaine de centimètres de hauteur, les traits de contours sont supprimés laissant émaner une spiritualité qui a quelque chose de neuf. L’emploi de tons purs accentue la lumière.
Le rouge de la Passion esquissant le tombeau ouvert, quelques taches suggérant des fleurs, le vert de la vie dans sa permanence et sa vigueur, tous ces éléments veulent témoigner de la Résurrection dans la suite des jours.
Avec ce Christ vert, il me semble que les « dimanches en vert » n’ont plus rien « d’ordinaire ».

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